James Dean par Michel Berger :

UNE LEGENDE TAILLEE DANS LE ROCK*

Plus fort que "Starmania" : avec "Jimmy", Michel Berger réussit là où tous les autres ont échoué : composer un véritable opéra rock. Ses réflexions sur le show.

"La Légende de Jimmy n'est pas une biographie comme, par exemple, le spectacle de Broadway sur Evita Peron. On ne refait pas La fureur de vivre ou A l'est d'Eden sur le plateau du théâtre Mogador ! D'ailleurs James Dean n'y apparaît pas. Qui aurait pu jouer son rôle ? On a voulu plutôt travailler sur le mythe. J'ai été très frappé par le fait que, aujourd'hui, les gens de 17 ans soient encore attirés par James Dean. L'adolescence, c'est la chose qui me touche le plus. On est à la fois si libre et si vulnérable qu'on est constamment en danger. Je suis comme cela. Et tous ceux qui aiment James Dean le sont aussi. C'est la raison pour laquelle il n'était pas question de faire un spectacle sur les années 50. La Légende de Jimmy, c'est un texte sur l'adolescence, qui parle d'aujourd'hui.

Si vous voulez, c'est l'histoire de deux adolescents qui retrouvent l'itinéraire de James Dean à travers deux personnages qui ont compté dans sa vie, le clergyman qui l'a initié à la corrida et à la course automobile, et l'actrice Pier Angeli, grand amour de sa vie. Les adolescents sont des sortes de pélerins, venus voir la tombe de leur héros au cimetière de Fairmount. Les deux fantômes qui apparaissent toutes les nuits auprès de la tombe, les choisissent pour revivre l'histoire de James Dean... C'est embêtant de parler des personnages, l'important c'est plutôt ce qu'on va faire avec. L'idée de Starmania, c'était de faire une sorte de bande dessinée sur ce que le monde allait devenir. Là, ce qu'on veut montrer, c'est plutôt l'adolescence. Au-delà de l'anecdote, c'est l'histoire d'un jeune paumé qui ne comprend pas pourquoi il n'est pas James Dean.

Cette fois-ci, nous avons aussi Jérôme Savary avec nous. Il a mis en scène des opéras, des pièces de théâtre, et on l'a vu à Avignon, à la Scala. Ca ne court pas les rues, les metteurs en scène qui ont envie de faire du musical. Mais Savary a tout de suite été partant. La comédie musicale américaine des années 30 et 40 a été extraordinairement efficace, mais depuis la rock music il ne s'est rien passé. Broadway vit sur son passé. On n'invente plus. Ce sont les grands concerts de rock qui font avancer les choses. Ces spectacles mobilisent des moyens de plus en plus énormes : lumière, son, action...La Légende de Jimmy ce sera tout ça, transposé sur une scène de théâtre."

Propos recueillis par C. P.

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