JAMES DEAN : LE MYTHE RAJEUNIT A MOGADOR*

Berger-Plamondon-Savary : un trio choc pour entretenir le mythe de James Dean. A partir du 22 septembre, "La Légende de Jimmy" fera les beaux soirs du théâtre de Mogador. Une comédie musicale dans la lignée de "Starmania". Sujet ringard ? Légende démodée ? Ce n'est pas l'avis des trois compères qui ont concocté ce spectacle très attendu.

Un spectacle choc qui risque fort de rameuter plusieurs générations d'admirateurs. Certains reprocheront aux auteurs d'avoir choisi un sujet archiringard, or non justement, ils ne sont pas tombés dans le piège. C'est un hommage à l'acteur trop tôt disparu, pas une description.

LA TOMBE DE JIMMY. L'histoire ? "Ce sont deux teenagers (Renaud Hantson et Diane Tell) qui, comme 25 000 autres fans, se retrouvent sur la tombe de James Dean, le jour anniversaire de sa mort, explique Luc Plamondon, le parolier canadien. C'est à travers eux et deux autres fantômes, le clergyman (Tom Novembre) et la diva Pier Angeli (Nanette Workman) que sera évoqué James Dean." Il fallait y penser !

Au moment où nous avons pris contact avec la troupe, Michel Berger se trouvait aux Etats Unis. Mais il suffit de laisser parler Luc Plamondon et Jérôme Savary pour comprendre leur enthousiasme. "En lisant les biographies consacrées à James Dean, j'ai tout de suite compris qu'il y avait des chansons à faire" indique Luc. Et Jérôme de surenchérir : "James Dean ne m'a pas marqué, il m'a bouleversé. J'ai vu "A l'est d'Eden" quand j'avais douze ans. Dean, c'est un héros éternel, qui redevient à la mode."

JEUNESSE PAUMEE. Les jeunes générations se reconnaîtront-elles dans ce héros des années cinquante qui aurait aujourd'hui 59 ans ? Et si le mythe avait vieilli ? Ce n'est pas l'avis du metteur en scène. "C'était un pur produit de la "beat generation", la génération humiliée de n'avoir pu faire la guerre, précise-t-il. Comme aujourd'hui. La jeunesse "peace and love", pilule et avortement, c'est terminé. Entre le SIDA, le chômage, les études obligatoires, on revit une situation sociale qui marginalise la jeunesse.

Entre nous, cher Jérôme, cette période "peace and love" comme vous dites, n'avait-elle pas du bon ? Et est-il préférable de faire la guerre ou de porter des colliers de fleurs ? Et si notre époque manquait seulement d'imagination ? A méditer.

MICHEL, LE SURDOUE. Et Michel Berger dans tout ça ? Il a écrit la musique, car depuis longtemps le projet lui tenait à coeur. Auteur, compositeur, interprète à la carrière couronnée de disques d'or, ce surdoué de 42 ans, marié à France Gall, n'aurait pu être qu'un simple fils de bonne famille. Un père éminent spécialiste en urologie, le professeur Hamburger, une mère pianiste de concert. Tiendrait-il d'elle ? En tout cas, à 16 ans, en pleine période yé-yé, Michel enregistre son premier disque. Une vocation précoce qui ne l'empêche pas d'obtenir, un peu plus tard, une maîtrise de philosophie, avec un thème à sa mesure, "Esthétique de la pop-musique" ! Après un séjour en Amérique, il ne cessera plus de composer, pour lui et les autres, avec le succès que l'on sait.

A-t-il un secret ? Le talent bien sûr, la rencontre d'une intuition avec son époque. Et puis, il a dit un jour : "Ma manière d'écrire est simple : je loue une maison chaque fois que je dois travailler ! Après, cela vient tout seul, ou presque." Ensuite, n'allez surtout pas lui parler de bricolage, c'est sa bête noire. "Je suis incapable de planter un clou sans m'écraser un doigt, ne parlons pas de changer un pneu crevé". Eh oui, on ne peut avoir tous les dons !

Jean-Pierre FILY

*Le Hérisson, du 18 au 24 septembre 1990.

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