(Interview réalisée en mars 2007)

- Renaud, après quelques années d'absence en concert solo à Paris, on t'a retrouvé entre autres au Sentier des Halles...

RH : oui, d'ailleurs d'autres concerts vont suivre. En fait, je n'ai jamais stoppé véritablement car je suis régulièrement en concert avec Furious Zoo, mon projet parallèle. J'ai également monté mon école de chant. Surtout, ça fait 3 ans et 1/2 que je prépare mon nouvel album solo qui ne devrait plus tarder à sortir. C'est vrai que pendant un moment je n'avais plus l'envie de chanter en concert solo mais la motivation m'est revenue et j'ai souhaité chanter en piano voix accompagné par mon musicien Steeve Victor en janvier. Le 25 mars, j'ai fêté également mon anniversaire en musique (avec Steeve et l'équipe de musiciens au complet dont mes deux complices de Furious Zoo) et je compte m'installer plusieurs soirs dans une salle parisienne en juin. J'aimerais le faire dans une salle à dimension humaine comme le Sentier des Halles, qui me permettrait d'être proche de mon public. Cette proximité fait d'ailleurs partie des points que j'ai appréciés en jouant avec Furious Zoo dans des clubs ou dans des petites salles.



- Tu as justement déjà chanté dans plusieurs configurations : carrière solo, comédies musicales, groupes rock, piano-voix... Y a-t-il une formule que tu affectionnes plus particulièrement ?

RH : c'est trop difficile de faire un choix... J'aime autant la formule piano-voix que les concerts électriques ou les grosses structures comme les comédies musicales. Ce sont des formules différentes mais qui m'apportent chacune autant de plaisir. J'ai choisi la musique pour la liberté et j'essaye justement de faire ce que je veux faire au moment où j'en ai envie. J'apprécie de pouvoir varier autant les plaisirs.

- Tu as évoqué les concerts avec ton groupe rock Furious Zoo. Que t'apporte cette nouvelle aventure musicale ?

RH : c'est une thérapie à la fois physique et mentale. C'est difficile physiquement car je chante et je joue de la batterie en même temps. Mentalement, je reviens à des bases rock, dans un registre qui peut ne pas plaire parfois au public qui m'a découvert dans un registre plutôt pop. Ce n'est toutefois pas un retour complet en arrière puisque je n'avais encore jamais joué dans des clubs. C'est donc une nouvelle expérience, une approche différente de la musique. On ne peut vraiment pas tricher dans un club car le public est très proche de toi et la sonorisation utilisée est très claire. Si tu n'es pas au point, cela s'entend très vite et cela demande donc du métier et une grande technicité. J'ai trouvé justement en Benoît Cousin (guitariste) et Cédric le Coz (bassiste) deux complices de très bon niveau pour vivre cette expérience..



- Avec Furious Zoo, tu écris et chantes des textes en anglais. Est-ce que ça te permet d'interpréter des textes que tu n'aurais pas choisis en français ?

RH : oui. En anglais, on peut effectivement plus facilement se lâcher. D'ailleurs, les textes des chansons anglo-saxonnes sont souvent plus légers que ceux des chansons françaises. Sur ce point, j'ai moins la pression que quand j'écris mes textes habituels. L'utilisation de la langue anglaise permet de se libérer un peu et de dire parfois des choses pas très sérieuses...

- La langue anglaise te donne également l'occasion de te livrer à des reprises assez surprenantes comme le "Into the Groove" de Madonna (façon rock) ou "Video Killed the Radio Star" en piano voix...

RH : c'est quelque chose que je referai. "Video Killed the Radio Star" est très agréable à interpréter dans une formule piano voix. Furious Zoo m'a "décomplexé" et m'a donné encore plus l'envie de faire ce que je veux faire au moment où j'en ai envie. J'ai rarement fait des concessions dans ce métier, j'attends peu du show business et le show business ne m'attend pas. Donc, autant se faire plaisir !

- Tu es auteur-compositeur-interprète. As-tu déjà été tenté de créer ta propre comédie musicale ?

RH : j'en ai eu très envie pendant une période. Je n'y pense plus actuellement mais j'aurais bien aimé créer un opéra rock. Ca demande beaucoup de travail et il faudrait trouver un vrai sujet. En effet, je souhaiterais procéder à une véritable création originale, contrairement aux grands spectacles musicaux actuels où on reprend le plus souvent une histoire et des personnages déjà existants.

- Lors de tes concerts au Sentier des Halles, tu as interprété un medley de "La Légende de Jimmy". Tu as notamment chanté un extrait de "Mister Actor's Studio", qui ne figure pas sur l'album du spectacle. Pourquoi ce titre en particulier ?

RH : je pense qu'il s'agit d'une des plus magnifiques chansons de Michel Berger. Elle synthétise bien la vie et la légende de James Dean : "De tout mon cœur / De tout mon corps / J'veux être acteur / Avant ma mort / J'ai pas le temps / D'attendre encore longtemps". Ces paroles correspondent également malheureusement au mode de pensée de nombreux jeunes d'aujourd'hui qui sont parfois désespérés... Michel Berger était un visionnaire, Luc Plamondon également. Je fais aussi le rapprochement entre ces paroles et ma vie, avec des moments d'errance, d'absences, d'erreurs, de doutes... Ce n'est peut-être pas par hasard que Michel Berger m'avait fait chanter sur les maquettes de "La Légende de Jimmy" avant de conclure rapidement que j'étais l'interprète à retenir.



- Actuellement, il y a des troupes amateurs qui souhaitent encore jouer "La Légende de Jimmy". Comment interprètes-tu cet intérêt toujours réel alors que le spectacle a été joué il y a plus de quinze ans, qu'il a été relativement peu médiatisé par rapport à d'autres oeuvres et qu'il existe peu de documents le concernant ?

RH : d'après Michel et France (et je partage leur avis), "La Légende de Jimmy" est ce que Michel a écrit de plus beau au sens émotionnel. Ce n'est donc pas étonnant que ce spectacle soit "culte" malgré les difficultés rencontrées à l'époque. C'était la période du divorce professionnel entre les deux grands producteurs Gilbert Coullier et Jean-Claude Camus. Les alertes à la bombe pendant la guerre du Golfe n'ont pas joué non plus en faveur de "La Légende"... Je suis extrêmement fier d'avoir participé à ce spectacle. Je ne suis pas étonné qu'il inspire autant d'artistes amateurs aujourd'hui. Il était tellement plus beau que d'autres qui l'ont suivi... Il y avait également la présence de chanteuses talentueuses comme Nanette Workman ou Diane Tell. Je regrette d'ailleurs de ne pas avoir mieux communiqué avec Diane à l'époque car c'est quelqu'un que j'apprécie énormément, une des plus grandes artistes francophones selon moi. Tom Novembre est également un comédien de tout premier plan. Savary avait des idées de mises en scène remarquables. Tout ceci fait que je ne suis pas surpris que "La Légende de Jimmy" marque encore les esprits aujourd'hui.

- Pendant tes concerts, tu chantes régulièrement des extraits de "Starmania" et de "La Légende de Jimmy", mais rarement des extraits de "Notre Dame de Paris". Est-ce que tu penses que cela viendra un jour ?

RH : ca m'est déjà arrivé d'interpréter en solo "Le Temps des Cathédrales". C'est vrai que je n'ai pas exactement la même affection pour "Notre Dame de Paris" que pour "Starmania" et "La Légende de Jimmy", où j'avais créé ou recréé un rôle ("Starmania" est devenu culte mais en réalité peu de gens l'ont vu dans sa mouture originale en 1979 et le spectacle a été fortement remanié ensuite). "Notre Dame de Paris" s'est aussi terminé avec un goût d'inachevé pour moi. J'aurais souhaité participer à un nouvel enregistrement de cette œuvre après la troupe originale. La troupe dont j'ai fait partie a tourné pendant une longue période avec ce spectacle et ça m'aurait semblé normal de nous laisser immortaliser notre interprétation sur CD. La production a eu une approche différente de la situation, non liée à des considérations artistiques et assez décevante car je trouve idiot de se priver sur une deuxième version CD de la présence d'Herbert Léonard ou de moi-même pour prendre de parfaits inconnus qui n'ont, le temps l'a semble-t-il prouvé, pas marqué les esprits. Toutefois, "Notre Dame de Paris" reste globalement un bon souvenir. Après avoir connu des moments sombres, ce spectacle m'a redonné envie de faire des albums solos grâce au contact du public, notamment après les représentations.

- Quels ont été tes derniers coups de coeur artistiques ces dernières années ?

RH : j'aime beaucoup Philippe Katerine, pour son second degré. Ca fait du bien de ne pas se prendre au sérieux... J'aime toujours le travail de Jean-Jacques Daran ou d'Art Mengo mais ces dernières années, j'ai surtout fait à nouveau le plein des références artistiques qui ont marqué ma jeunesse. J'ai réécouté notamment Jonasz ou Lavilliers, qui font partie des plus grands selon moi, avec Michel Berger bien sûr. La musique permet d'aimer différents styles à différentes périodes de sa vie et c'est très appréciable !

- Quels sont tes prochains projets ?

RH : je dois surtout finaliser mon nouvel album qui est quasiment prêt. Il y a notamment une chanson qui est très importante à mes yeux sur ce projet. Je ne peux pas en dire plus pour le moment mais sa création compte beaucoup plus que le succès éventuel de cet album car c'est un hommage à Michel Berger. En attendant, je vous donne d'ores et déjà rendez-vous lors de mes prochains concerts, en solo ou avec Furious Zoo ! Pour en savoir plus, allez visiter www.hantson.com !

Site officiel : Le site de Renaud Hantson et Furious Zoo.

 

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