BERGER, PLAMONDON, SAVARY :
JAMES DEAN EN CHANTANT (2/2)*
Pas de Jimmy en chair et en os, donc. Mais le mimétisme entre la "légende" et l' "adolescent" Hantson est presque parfait. Et l'amour commun pour l'idole risque fort de se transposer sur ces deux ados, comme le montrent bien les paroles de "La Légende de Jimmy" qui sortira en 45 tours : "Je l'aimerai à travers toi / Je t'aimerai à travers lui / Et je me donnerai à toi / Comme si tu étais lui". C'est beau à pleurer, et ça fera pleurer, c'est sûr.
Mais pour l'instant, tout est encore en chantier. Il y a peu de temps encore, Plamondon ne savait pas où il allait caser cette chanson-là. Maintenant, il le sait : ce sera la chute finale.
"Ce projet, on l'avait en tête depuis très longtemps. L'esquisse musicale faite, on s'est mis en quête d'un metteur en scène. Quand nous avons appris que Jérôme Savary était venu voir "Starmania" et avait beaucoup aimé, nous sommes allés le voir dans son bureau."
FORMIDABLE. Entrée en scène du troisième complice, Jérôme Savary, ça va très bien, bouille ronde et long cigare aux lèvres. "Ils m'ont raconté l'histoire, j'ai essayé d'en imaginer le climat. James Dean ne m'a pas marqué, il m'a bouleversé. "A l'est d'Eden", je l'ai vu, j'avais douze ans. Je trouvais le rapport au père formidable. Dean, c'est un héros éternel, qui revient à la mode. C'était un produit de la "beat generation", la génération battue, humiliée de n'avoir pu faire la guerre, de ne pouvoir être héros. Comme aujourd'hui. La jeunesse peinarde, tolérante et "peace and love", pilule et avortement, c'est terminé. Maintenant, il y a plein de drames qui s'abattent sur la jeunesse d'aujourd'hui, entre le SIDA, le chômage, les études obligatoires. On revit une situation sociale qui marginalise la jeunesse. On revit l'époque de la fulgurance, du succès éphémère. On brûle les bébés, comme on a brûlé Jeanne d'Arc, et comme James Dean a fini, avec un pressentiment fou de sa mort. Tout ça, Luc l'a très bien retranscrit en écrivant "Cinq ans à vivre" ou "Aimer peut vouloir dire mourir". Ce show, on ne sait pas ce que ce sera, mais l'intention n'est pas de faire un show rétro. Ce ne sera pas nostalgique."
Et Plamondon de conclure : "Nous ne délivrons pas de message, mais c'est plutôt une question que l'on pose : vaut-il mieux mourir vieux en n'ayant rien vécu, ou mourir jeune, en ayant trop vécu ?". Eternelle question, sans réponse il est vrai.
(* Ariane DOLLFUS, France Soir, 20 août 1990)
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